Intervention d’Insa Sané

jeudi 10 mai 2012
par  G. MAUREL

INSA SANE, COMÉDIEN EN RÉSIDENCE SUR LA VILLE DES ULIS, AVEC LES 4°2

La première heure a surpris les élèves car Insa Sané a récité de suite, dans la classe, donc très près des élèves, des textes d’auteurs ou qu’il avait lui-même écrits. Les élèves ont été très impressionnés de cette proximité. Il avait au préalable fait une apparition sur le mode du happening ou du théâtre-invisible dans la cour du collège un lundi matin pendant la récréation, les élèves n’avaient pas été prévenus, un attroupement de curieux s’était ainsi formé.

Insa Sané a d’abord fait travailler les 4°2 sur l’identité d’un pays : géographie, fête nationale, chant, folklore, langue, drapeau, blason, monuments célèbres, plats traditionnels... Puis ensuite, deux par deux, ils devaient faire des recherche précises pour la semaine suivante sur un pays. Puis ils ont travaillé sur l’identité de l’Homme, de la naissance à l’âge adulte, on a listé ensemble les grands moments d’une vie, et ils ont dû tous écrire un texte à partir de ces moments de vie et les mélanger avec les pays dont ils avaient déjà les fiches. Insa Sane a retravaillé les textes avec eux et a aussi demandé aux volontaires de venir dire leur texte devant toute la classe. Chaque séance s’ouvrait avec un exercice sur le corps et la concentration, l’attention en groupe.

M. Coitoux

Identité d’Homme

Je suis née sous l’ombre hospitalière d’un baobab ; un verre d’ataya attendait mes lèvres sucrées.

A peine sortie du ventre de l’ancienne Médina que la Méditerranée léchait déjà mes premiers pas.

J’ai dit mes premiers mots en croquant une langue au curry dans les jardins du Taj Mahal.

Aussi vrai que deux et deux font toi, la Sagrada Familia fut le berceau de mes jeux de capes et d’épées anoblies par Juan Carlos et Sofia.

Lors de mon premier combat de sumo, j’ai affronté le Mont Fujiyama.

Ensuite, parce qu’il faut payer sa pitance, j’ai fait l’opéra dans un coquillage aux côtés de Crocodile Dundee.

J’ai laissé mes rêves défiler sur des chars dansant aux rythmes des batucadas, dans le boucan des feux d’artifice.

A force de me débattre, j’ai pris une flèche en plein cœur : je suis tombée amoureuse dès la première bouchée de ton couscous au poisson.

La belle Néfertiti a porté mes enfants ; j’ai gravé leurs noms au milieu des hiéroglyphes.

Quand j’ai eu mes premiers cheveux blancs, je les ai cachés sous un béret.

Et puis, j’ai compris la vie en chantant A Vava Inouva en chœur avec Yema Gouraya.

Il fallait bien que ça arrive : un jour, j’ai joué le dernier acte de ma commedia dell’arte enlacé avec mon fiancé César, la tour de Pise au clair de lune en toile de fond.

Pour les autres je suis

Pour les autres je suis fort ; mais sous mon costume, il m’arrive parfois de pleurer.

Pour les autres, je suis la brute du bitume ; mais sous mon costume, se cache un agent du GIGN.

Pour les autres, je suis quelqu’un de drôle ; mais sous mon costume, je me demande si l’on rit avec moi ou si l’on rit de moi.

Pour les autres, je suis intelligente ; mais sous mon costume, une bête est à l’affût.

Pour les autres, je suis réservée ; mais sous mon costume, j’ai planqué un nez de clown.

Pour les autres, je suis sympa ; mais sous mon costume, j’attends de mordre.

Pour les autres, je suis folle ; et sous mon costume, j’en suis triste.

Pour les autres, je suis calme ; mais mon costume couve une tempête.

Pour les autres, je suis bête ; mais sous mon costume E=MC2.

Pour les autres, je suis pleine de vie ; sous mon costume, je suis souvent à plat.

Pour les autres, je suis sans ambition ; sous mon costume, demain m’appartient.

Pour les autres, je suis bavarde ; parce que sous mon costume, je n’ai pas grand monde à qui parler.

Pour les autres, je suis généreux ; mais j’ai acheté mon costume aux rabais.

Pour les autres je suis Wilfrid, mais Willy convient mieux à mon costume.

Pour les autres, je suis un élève, de 4ème, au collège Mondétour, aux Ulis, en région parisienne, en France, un point dans le monde, tout petit dans l’univers ; mais sous mon costume, je ne sais plus.

Pour les autres, je suis normal ; heureusement que nul ne sait ce qui se cache sous mon costume.

Pour les autres, je suis un baobab ; retirer mon costume, je suis aussi épais qu’un cure-dent.

Pour les autres, je ne montre jamais rien ; mais sous mon costume, je suis à nu.


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